Depuis plusieurs semaines une activité inhabituelle régnait derrière la gare d’Excideuil et on sentait qu’il se préparait quelque chose.
Au tout début, des toussotements accompagnés de quelques volutes bien noires, et les crachements du diesel attiraient l’attention.
Par la suite, il fallait tendre l’oreille pour percevoir le ronronnement discret d’une machine heureuse de se sentir aux petits soins de fanas de belle mécanique.
Quelques personnes en mal de distraction –malsaine– avaient cassé une des vitres latérales, la peinture - blanche sur le toit, rouge sur le corps - était largement écaillée et tombait en morceaux. Là encore, les magiciens de la mécanique ont su réparer l’outrage des ans et un vrai remaquillage, pour ne pas dire ravalement, était offert à la –plus toute jeune– princesse.
Quelques essais de roulage, derniers réglages des freins et autres babioles, on sentait que les derniers préparatifs étaient là. D’aucuns pensaient que, enfin, on allait pouvoir se balader d’Excideuil à Thiviers en véhicule à moteur sur l’ancienne voie ferrée. Raté…
En fin de semaine, un autre événement laissait présager le pire.
On constatait la présence, vers midi, d’un énorme camion grue des établissements Doumen, ainsi que celle d’un camion plateau de grande dimension. À deux heures, il fallait être là pour pouvoir profiter du spectacle.
Dans un chuintement de vérins hydrauliques, le mât de la grande grue s’élançait vers le ciel. Impressionnant.
Les vérins gigognes se déployaient avec une régularité de mécanisme d’horlogerie. Sanglée, la remorque –1200 kilos seulement– de la draisine, destinée au transport du matériel, était délicatement posée à l’avant de la remorque. Puis, le grutier déplaçait le mât vers la draisine.
Quatre élingues étaient disposées à chacun des tampons, les diverses vérifications de sécurité effectuées, l’ordre, d’un coup de pouce dressé vers le ciel, était donné pour le déplacement.
Une plume, de 8200 kilos tout de même, s’élevait gracieusement en l’air et se déposait délicatement sur les cales prévues sur le plateau du camion de transport.
Les deux « objets roulants identifiés » allaient rejoindre leur nouvelle gare d’attache du CFTPV à Corgnac pour permettre l’entretien des voies et le déplacement du matériel sur le site du vélo-rail qui s’ouvrira au public le 1er Juillet.